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Ostéoporose : la nécessité d’une prise en charge globale pour prévenir les fractures

le 11/12/2025

L'ostéoporose est à l’origine de près de 490 000 fractures chaque année. Pour mieux comprendre cette pathologie et les nouvelles approches de prise en charge, nous avons échangé avec le Dr Guislaine Camier, médecin gériatre en SMR à l'Hôpital Ramsay Arras les Bonnettes, qui participe au lancement d'une filière fracture - ostéoporose dans l'établissement.

Qu'est-ce que l'ostéoporose ? Comment est-elle diagnostiquée ? 

L'ostéoporose est l'ostéopathie fragilisante la plus fréquente. Elle se caractérise par une perte de la masse osseuse et de la résistance de l'os, avec pour ultime complication la fracture spontanée. C'est une pathologie silencieuse : les patients ne s'en rendent pas compte, c'est à nous, professionnels de santé, d'aller l’identifier.

Le diagnostic repose sur une densitométrie osseuse, considérée comme significative lorsque le T-score est inférieur à -2,5 DS (déviation standard) au col fémoral ou au rachis vertébral. 

Quelle est l'ampleur du problème en France ?

Les chiffres sont impressionnants. En France, l'ostéoporose est à l'origine de près de 490 000 fractures chaque année. Autour de l'âge de 65 ans, on estime que 39 % des femmes souffrent d'ostéoporose. Chez celles âgées de 80 ans et plus, cette proportion monte à 70 %.

Pourquoi l'ostéoporose touche-t-elle davantage les femmes ?

C'est lié aux hormones et à la ménopause. La ménopause entraîne une fragilité osseuse importante. Cependant, les hommes sont aussi concernés, même s'ils ont généralement une meilleure densité osseuse initialement.

Qui doit se faire dépister ?

Le dépistage est recommandé pour :

  • Tout homme ou femme après 60 ans présentant une fracture
  • Toute femme ménopausée avec des facteurs de risque
  • Toute personne après une fracture sévère, même avant 50 ans, en présence de facteurs de risque

Les fractures sévères incluent les fractures d'humérus, de fémur, du pelvis ou bassin, des vertèbres, de trois côtes et du tibia. Selon les nouvelles recommandations de la HAS de 2023, ces fractures doivent être traitées.

Quels sont les principaux facteurs de risque ?

Il existe de nombreux facteurs de risque :

  • Antécédents de fracture par fragilité
  • Corticothérapie systématique (au-dessus de 3 mois et 7,5 mg d'équivalent de prednisone)
  • Pathologies déminéralisantes ou endocrinopathie (diabète…)
  • Certains traitements anticancéreux (cancer du sein, prostate…)
  • Hyperthyroïdie non traitée
  • Tabagisme et consommation d'alcool
  • Carences vitamino-calciques
  • IMC inférieur à 19
  • Ménopause précoce (avant 40 ans)
  • Antécédents parentaux de fracture de fragilité

Il faut également prendre en compte les facteurs de risque de chute : âge supérieur à 80 ans, troubles neuromusculaires, baisse d'acuité visuelle, surdité, prise de médicaments psychotropes, polymédication (plus de 4 médicaments), et certaines pathologies comme la démence ou la maladie de Parkinson.

Qu'est-ce qu'une filière fracture et comment fonctionne-t-elle ?

La filière fracture est une organisation qui propose un circuit spécifique de prise en charge du patient, facilité lors d’une fracture sévère. C'est une approche pluridisciplinaire qui comprend :

  • Une évaluation complète : densitométrie, avis spécialisé, tests physiques
  • Une proposition de traitement personnalisé médical et non médical
  • Un suivi dans le temps (au moins un an)
  • Un travail sur les facteurs de risque de chute

L'équipe est notamment composée de médecins, de rééducateurs en activité physique adaptée, de diététiciens qui évaluent les apports nutritionnels, d'ergothérapeutes, d’assistantes sociales qui travaillent sur l'environnement du domicile, et de psychologues.

Comment se déroule la prise en charge ?

La première session se fait en hôpital de jour, sur 2 à 3 heures, où nous évaluons le patient de façon globale. Ensuite, nous reconvoquons le patient à 4 mois, 6 mois, 8 mois pour réévaluer et introduire progressivement différentes composantes d'éducation thérapeutique : nutrition, chaussage, prévention des chutes, aménagement de l'environnement.

Notre objectif consiste à faire adopter les bons gestes aux patients. Pour cela, il est essentiel de répéter les messages, de vérifier l'observance. 

Pourquoi cette approche est-elle nécessaire ?

En cabinet de ville, les généralistes suivent de nombreuses pathologies et il est parfois difficile d'assurer un suivi régulier de l'ostéoporose sur le long terme. Des patients peuvent être accompagnés pendant des années pour d'autres problèmes de santé, puis perdre le fil de leur prise en charge ostéoporotique. C'est là que la filière fracture intervient : elle garantit un accompagnement continu et coordonné.

Quels sont les traitements disponibles ?

Il y a deux volets de traitement : médical et non médical.

Concernant la dimension non-médicale, nous recommandons :

  • Des apports vitamino-calciques (vitamine D et calcium)
  • L'activité physique adaptée, essentielle car l'immobilisation déminéralise
  • Des sports en charge (randonnée, tennis, etc.)

En ce qui concerne le traitement médical, nous disposons de médicaments qui agissent soit en arrêtant la résorption osseuse, soit en stimulant la formation de l'os. Le traitement le plus utilisé est une injection annuelle, beaucoup plus pratique pour les patients qu'un traitement quotidien par voie orale. 

Quels conseils donneriez-vous pour prévenir l'ostéoporose, notamment pour les femmes qui arrivent à la ménopause ?

Les recommandations principales sont :

  • Bien manger : assurer les apports en calcium (1 à 1,2 g par jour), vitamine D (800 à 1 000 unités par jour) et protéines
  • Pratiquer une activité physique régulière : cardio et musculation, avec des sports en charge.
  • Lutter contre les facteurs de risque de chute : enlever les tapis, ne pas monter sur les escabeaux, adapter son environnement
  • Consulter son médecin pour un dépistage après 60 ans

Pour aller plus loin, je recommande le site du GRIO (Groupe de Recherche et d'Information sur les Ostéoporoses), qui propose un accès public où les patients peuvent calculer leurs apports en calcium, obtenir des conseils alimentaires, sur l'équipement de la maison et l'activité physique. 

L'ostéoporose reste sous-diagnostiquée et insuffisamment suivie. La filière fracture – ostéoporose de l’Artois qui ouvre le 1er décembre à l'Hôpital Ramsay Arras les Bonnettes, pilotée par le Dr Guislaine Camier, propose une réponse concrète : un parcours structuré, une équipe pluridisciplinaire et un accompagnement dans la durée pour repérer, traiter et prévenir les fractures sévères et non sévères.

 

 Inserm - https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/#:~:text=L'ost%C3%A9oporose%2C%20une%20maladie%20de%20plus%20en%20plus%20fr%C3%A9quente,-Avec%20l'allongement&text=Chez%20celles%20%C3%A2g%C3%A9es%20de%2080,5%20%25%20de%20la%20population%20totale

 Inserm - https://www.inserm.fr/dossier/osteoporose/#:~:text=L'ost%C3%A9oporose%2C%20une%20maladie%20de%20plus%20en%20plus%20fr%C3%A9quente,-Avec%20l'allongement&text=Chez%20celles%20%C3%A2g%C3%A9es%20de%2080,5%20%25%20de%20la%20population%20totale.